“Quand il y a quelqu’un que je connais, que j’aime, et qu’il ou elle trouve la mort…
J’ai à ce moment la pulsion, souvent très très forte, peut-être pas tout de suite, mais après un moment

de deuil, d’écrire quelque chose sur elle ou sur lui. Combien de fois ça m’est arrivé
Et ça ne m’arrive pas comme “Tiens, voilà un sujet !” On ne cherche jamais les sujets, ce sont les sujets qui nous cherchent. Et si, un jour, les sujets ne me cherchent plus, je serai très content, et je ferai des dessins et de la moto. Mais après un mort, souvent il y a un sens d’obligation. Pour qui ? Pas pour l’être mort : pour lui, c’est mieux de prier, peut-être. Mais moi, je ne crois pas aux prières pour les morts, ça ne m’a jamais convaincu. Pour les vivants, oui. Je crois que l’obligation n’est pas pour quelque chose, mais contre quelque chose. Je crois que c’est une obligation contre l’oubli.
Peut-être même contre l’oubli chez soi-même.”
[John Berger en 1989 dans l’émission À voix nue sur France-Culture]

  1. Vingt-sept désormais… ↩︎

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