1. “Dans la phase d’écriture du scénario, raconte le Snoopy finlandais, j’ai éprouvé les pires difficultés à démarrer l’histoire, alors que je rêvais pourtant depuis quinze ans de filmer cette œuvre. L’équipe était déjà pratiquement à Paris, tout était prêt, et moi j’étais chez moi à regarder dehors par la fenêtre sans rien voir. Et puis, une nuit, j’ai eu la première et dernière inspiration de ma vie. Je m’étais levé, mort de fatigue, pour noter un début d’idée : Rodolfo vole l’os de son chien afin d’en faire de la soupe pour sa bien-aimée, et toute la dramaturgie du film m’est venue d’un seul coup, c’est à peine si j’arrivais à suivre. C’était troublant : en dix ans, je n’avais jamais eu la moindre inspiration et voilà qu’elle flambait pour s’éteindre aussitôt.” [in Aki Kaurismäki de Peter von Bagh, Les Cahiers du Cinéma / Festival International du Film de Locarno, 2006]. ↩︎
  2. Matti Pellonpää (1951-1995) eut une existence brève dont il faudrait un jour explorer et interroger la maigreur volontaire. C’était un acteur-musicien vivant de peu mais pleinement, un grand mélancolique flegmatique adoptant – pour le coup sans esbroufe ni chiqué – les codes de la vie de bohème : celle-là même qui, selon l’inventeur officiel de l’expression (et auteur du livre du même nom), Henry Murger, consiste à être “plus errant que les nuages” et “à se coucher sans souper, ou à souper sans se coucher”. Jusqu’au bout, il mena selon ses proches (dont les frangins Aki et Mika Kaurismäki, qui l’hébergeaient fréquemment sur le canapé de leur bureau de production) le mode d’existence à la fois radical et foncièrement zen d’un “clochard poli”. Quand on la traduit avec GoogleTranslate, sa fiche Wikipédia finlandaise est une belle pièce de poésie à moitié accidentelle, qui le présente notamment comme “un maître du style de jeu discret et à petite échelle”, avant de préciser : “Il avait un instinct cinématographique naturel et savait exactement quel rôle jouer pour la caméra à un moment donné. Le reste de l’homme dormait. Pellonpää était célèbre pour ses deux regards : vers le bas et vers le haut.”  ↩︎

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